Quel heureux hasard

IJe suivais plusieurs élèves par rapport au crash de l’avion. Certains avaient perdu des amis ou alors de la famille, comme cette jeune fille, Hope. Elle avait perdu ses deux parents ainsi que sa belle-mère dans l’avion, un choc pour cette adolescente qui se retrouvait tout d’un coup orpheline. Il lui restait sa grande sœur qui était à présent sa tutrice légale. Je l’avais remarqué quand elle venait chercher sa sœur après ses séances. Par politesse, je m’étais proposée pour qu’elle puisse parler et l’aider à faire le deuil de ses parents, mais elle a refusé. Peut être parce qu’elle n’y voyait pas d’intérêt ou pour une toute autre raison. Il y avait ce quelque chose dans cette jeune femme blonde qui me fascinait et qui me donnait envie de la connaître plus en profondeur. Mais en analysant la situation, je m’étais une barrière, elle ressemblait à Daniella. Non pas physiquement, plus sur le plan psychologique. C’était une jeune femme vulnérable ayant des problèmes au niveau familial. Mon cœur ne parlait pas à cent pour cent, il y avait aussi mon envie insatiable d’aider mon prochain qui commençait à prendre le dessus.

Les élèves passaient dans mon bureau, pour parler du crash, de leur doute sur leur futur et d’autres problèmes. Ce n’était pas mon premier choix de carrière mais après ma mauvaise expérience en prison, je voulais quelque chose de plus calme et non un endroit qui me donne envie de vomir à chaque fois que je passe la grille. A présent, j’avais un bureau qui n’était pas gardé par deux gardiens et je ne risquais pas ma vie à chaque fois que je voyais mes patients. Le risque zéro n’existe pas mais disons que les chances de me faire agresser était très faible. Ce matin par exemple, un adolescent de 16 ans est venu me voir pour parler de ses problèmes familiaux. Ses paroles faisaient écho aux problèmes de Daniella, il avait la même relation conflictuelle avec sa famille conservatrice et qui avait de sérieux problèmes sur l’homosexualité. Et ce garçon était en couple justement avec un garçon et ne sait pas comment l’annoncer à ses parents. Nous avons essayé de trouver un moyen pour leur annoncer cela. S’aider de mon vécu pour l’aider à faire son coming-out ? Certainement pas, je ne le souhaite à personne. Aujourd’hui, toute la famille en rit et prend le sujet à la légère.

Une fois mon travail fini, je me dirigeais vers ce bar que j’affectionnais particulièrement. L’ambiance était plutôt bonne et les cocktails qu’ils proposaient, divins. Je portais à présent une robe près du corps noire avec un gros collier. Les cheveux détachés et légèrement ondulés, on aurait pu croire que j’avais un but ce soir, mais non. Depuis Daniella, je n’ai pas eu de relation sérieuse, seulement des relations de deux semaines maximum. Et encore, c’est un record si j’arrive à supporter la personne pendant tout ce temps. Mais ce soir, je voulais simplement profiter des plaisirs de la vie et de ces cocktails mythiques. Assisse au comptoir, j’essayais désespérément d’attirer l’attention d’un barman pour avoir un verre, mais il faut croire que j’étais invisible. C’est là que je vis une silhouette familière, cette fameuse blonde que j’avais vu à mon cabinet. C’était la sœur d’une de mes patientes. Après avoir fait de grands gestes, je réussis à attirer son attention. « Bonsoir, une marguarita s’il vous plaît » dis-je avec un léger sourire, pas de connerie Maddie.