Virée au centre commercial

Alexia et Alek

Aujourd'hui, j'avais décidé de sortir faire un tour au centre commercial pour me changer un peu les idées. Cela faisait maintenant une semaine que j'étais arrivée en ville, et jusque là je n'avais pas encore réussi à trouver ma sœur. Alors pour ne plus trop y penser pour l'instant, j'avais décidé d'aller au centre commercial. Certes je n'avais pas vraiment d'argents à dépenser mais peu importe, pouvais tout de même faire du lèche-vitrine après tout.

J'avais choisis d'y aller l'après-midi, ne souhaitant pas spécialement passer la journée là-bas, j'allais y passer une ou deux heures peut être, c'est tout. Je m'étais donc préparé après avoir mangé à sortir. J'enfilais ma veste et attrapais mon sac et sortis, vêtue d'une petite robe et de ballerines. Je pris le chemin du centre commercial, essayant de ne pas trop penser à ma vie à New York, ce qui m'arrivait bien plus souvent que je ne le souhaitais, j'avais encore du mal à m'en défaire, encore du mal à me dire que je ne reverrais sans doute plus mon père. Je me sentais seule... Heureusement j'avais tout de même une personne sur qui compter ici, à Fairwalk, la seule personne qu'il me restait et dont j'étais très proche.

J'arrivais finalement au centre commercial où je commençais à flâner, observant les vitrines des boutiques, entrant dans certaines pour regarder sans jamais rien acheter pour l'instant. Je me promenais simplement, évitant de trop penser, ce que j'avais trop tendance à faire ces derniers jours, je ne pouvais m'empêcher de repenser à la dernière conversation avec mon père, son regard quand je lui ai annoncé que j'étais enceinte... Le fait qu'il m'ait laissé tomber ainsi me faisait mal, je ne pensais pas qu'il pourrait réagir ainsi.. Quant à mon ex petit ami... Disons que j'essayais de l'oublier, cela ne servait de toute façon à rien de me tourmenter avec ça.

J'arrivais finalement devant la vitrine d'un magasin de vêtement pour bébé. Je m'arrêtais, observant d'abord la vitrine avant d'entrer à l'intérieur. Je commençais à regarder les divers vêtements, vêtements qu'il me faudra acheter dans quelques mois. Puis je sortis finalement, mais je restais là, à observer la vitrine, lâchant un léger soupir. J'entendis alors une voix derrière moi qui semblait m'appeler, je me tournais alors pour voir qui m'appelait.

Virée au centre commercial

Alexia et Alek

L'annif du padre se profilait à l'horizon, dans le calendrier du mois de février. J'avais bien entouré la date au marqueur rouge sur celui qui pendait au mur de ma chambre, juste à côté de mon bureau qui avait été conçu pour y faire mes devoirs et relire mes leçons mais qui finalement s'était transformé en étagère à crasses, lieu d'expostion de cartons empilés de pizzas commandées ou de monticules formés par divers sachets de biscuits et de bonbons. Enfin soit, c'était la date de l'année à n'oublier sous aucun prétexte, puisque lui au moins avait été le seul à ne m'avoir jamais laissé tomber qu'importe les circonstances. Du coup, il fallait bien lui dénicher un cadeau digne de son nom qui est également le mien et que nous portions à merveille. Un peu comme ses chemises qu'il s'était achetées avec le bon que je lui avais offert chez une grande enseigne de vêtements pour hommes. Et je voulais absolument trouver au moins quelque chose de sympa plutôt que de lui balancer une somme d'argent qu'il me rendrait quoi qu'il arrive lors de mes célébrations. L'idée des chèques-cadeaux, c'était vraiment la voie de secours quand je ne trouvais désespérément pas l'accessoire qui me tapait aux yeux et me faisait me dire que c'était le choix le plus original possible.

Pour ce faire, l'endroit où se rendre où j'avais le plus de chance de trouver ce qui pourrait faire la joie de mon père pour ses quarante-et-des balais, c'était indéniablement le centre commercial qui comptait des boutiques en tous genres, des centres de beauté distribuant des soins et des essences parfumées aux articles de bricolage, tout y était concentré. A mon arrivée dans le complexe, je traversais la première artère avec ses grandes baies vitrées donnant sur l'extérieur qui variait entre nuages et éclaircies avec un fin soleil qui pointait furtivement le bout de son nez. Seules quatre boutiques m'avaient attirées pour en fin de compte ressortir sans le moindre achat intéressant à emballer pour mon géniteur. Les mains vides, plantées dans les poches de mes jeans, j'empruntais la seconde allée et rentrait entre les portiques d'une parfumerie. Ma conception prématurée du présent banal, j'en ressortis rapidement pour jeter un coup d'oeil aux colelctions exposées de l'autre côté du passage. Une silhouette blonde sortit d'un magasin .. Oui, vous allez me dire que des blondes ce n'est pas ce qu'il y a de plus rare à Fairwalk. Mais pourtant, le faciès ne me fit nullement défaut. Il me fallait seulement remonter une quinzaine d'heures en arrière.

Je trouvais incorrect de faire semblant de ne pas l'avoir vue, alors j'ai traversé la galerie pendant qu'elle se retournait vers la vitrine pour se montrer intéressé par des ... vêtements pour bébés? Wow. Surpris, j'ai marqué un temps d'arrêt avant de combler les derniers mètres qui me séparait d'elle. Je regardais par dessus son épaule le petit gilet porté par un mannequin en plastique prenant la forme d'un bébé assis sur les fesses. Estimant lui avoir laissé assez de temps pour l'apprécier, je décidais d'enfin me faire savoir à côté d'elle:
- Hey Alexia!, m'exclamais-je en insistant inconsciemment sur la deuxième syllabe de son prénom pour me rassurer que je ne devenais pas schizophrène. Deuxième fois en deux jours; c'est à croire que Fairwalk est petit, constatais-je avec une énorme sourire alors qu'elle relevait la tête et pivotait, happée de ses pensées par mon étonnement.

Passant mon regard du sien à l'agencement de la nouvelle collection pour très jeunes enfants, je me sentais hésitant comme jamais quant à la tournure à adopter. Chill quoi, c'était simplement une rencontre fortuite après avoir discuté quelques minutes la veille au Starbucks de mon quartier. Elle, c'était la nouvelle serveuse qu'ils y avaient engagée, et c'était sympa de se faire servir avec un sourire en plus de la conso. Mais voilà ue mon côté naturel, bravant la légèreté et la raison, s'est encore manifesté. Modérément.
- J'veux pas .. T'es canon, change surtout pas, préférais-je rassurer pour ne pas qu'elle réagisse mal à l'humour avec lequel je voulais briser un peu plus la glace. Je savais combien les gens pouvaient mal prendre certaines réflexions, même sur le ton du second degré. Mais j'suis pas certain que tu rentres dans celui-là. T'as un peu grandi depuis, ricanais-je tout seul sans trouver de répondant direct dans son expression.

Virée au centre commercial

Alexia et Alek

Je cherchais du regard qui m'avait appelé. Mon regard tomba alors que un garçon que j'avais vu la veille au starbucks. Nous avions un peu discuter et il m'avait l'air sympa. Il s'avança vers moi, ses paroles me firent sourire.

-Hey, oui il faut croire, répondis-je alors avec un sourire.

Je détournais le regard de la vitrine du magasin de vêtements pour bébé pour me concentrer sur lui. Que devait-il penser en me voyant ainsi, debout devant cette vitrine à regarder ces vêtements ? Peu importe, après tout je me fiche de ce que les autres peuvent penser. J'assume et les autres peuvent bien penser ce qu'ils veulent. Je voyais tout de même à son expression que me trouver ainsi, devant cette vitrine, l'étonnait. Et je le comprenais bien, ce n'était pas courant de voir une fille de dix neuf ans entrain d'observer les vêtements pour bébé.

Il reprit finalement la parole, déclarant qu'il n'était pas sûr que je rentrerais dans ces vêtements, que j'avais grandis depuis. Oui, c'est sûr, j'avais grandi... J'aurais préféré être encore qu'un simple bébé, un être innocent, insouciant... Mais hélas j'avais grandis et maintenant je me retrouvais là, en froid avec mon père, à la recherche de ma sœur et en plus de ça, j'étais enceinte.

-Oui, je sais, je regardais juste... juste comme ça, répondis-je avec un sourire.

En fait je ne regardais pas juste comme ça, je savais que plus tard, dans quelque mois je devrais acheter des vêtements de bébé, mais je n'allais pas lui dire ça. Après tout je le connaissais à peine, je me voyais mal lui parler de mes problèmes.

-Et toi, tu es venu faire un peu de shopping ? Demandais-je ensuite en souriant

Moi c'était plus pour du lèche-vitrine qu'autre chose, je n'avais pas encore assez d'argent pour pouvoir me faire plaisir en achetant des vêtements ou autre chose. Mais ça ne me dérangeait pas, j'avais tout de même de quoi vivre alors c'était déjà bien après tout.

Virée au centre commercial

Alexia et Alek

Les gens étaient rarement crédibles quand ils terminaient leur phrase par "juste comme ca"; et Alexia ne faisait pas partie des exceptions qui dérogeaient à la règle. Cependant son sourire avait le don de lui octroyer le bénéfice du doute et je me prêtais à la croire. Après tout, elle ne devait pas être la seule à regarder la vitrine de magasins, parfois sans but ni raison, mais uniquement pour scruter les nouveautés. D'autant plus qu'elle était nouvelle à Fairwalk, expliquant pourquoi il était tout à fait plausible qu'elle fasse l'entièreté des commerces pour savoir ce qu'on pouvait trouver et où on pouvait spécifiquement le trouver. Son sourire me fit passer l'éponge sur ses mensonges dont je ne connaissais pas encore l'importance.

Elle s'interrogeait sur le motif de ma présence au centre commercial, en me proposant de confirmer que c'était pour du shopping. Oui et non, car je ne trouvais pas le terme approprié pour la circonstance. Puis ce terme était réservé aux ballades féminines d'un rayon à l'autre jusqu'à en avoir marre et de ne repartir soit avec rien, soit avec trois sacs de fringues après en avoir enfilé le quadruple dans les cabines d'essayage.
- Je cherche avant tout un cadeau d'anniversaire, y allais-je d'une explication moins vaseuse à la question. Généralement je ne fais pas de shopping et ce n'est pas souvent que je viens ici, préférais-je préciser pour être plus clair dans mes intentions en venant parcourir le lieu propice à tout achat dans cette ville.

Le fait qu'Alexia était là rayonnante devant moi, rencontre fortuite cumulée à notre découverte l'un de l'autre la veille, me donnait cette soif de prolonger le moment plus longuement que celui au Starbucks où elle avait ses obligations d'employée alors que j'avais dû rentrer pour terminer un commentaire en histoire. Je pensais également qu'elle pouvait constituer un atout supplémentaire à la recherche du précieux qui comblerait mon paternel. Effectivement, un avis féminin n'était pas de refus. Ce qui l'était encore moins, c'était cet éclat dans son visage qui pouvait me convaincre sur l'acquisition de n'importe quel produit qui lui inspirerait. Du coup, j'osais initier un plaisir partagé de lécher les vitrines si Alexia le voulait, non que je voulais devenir une gonzesse à baver devant la future collection printemps-été, et de mutuellement se conseiller sur certaines envies d'acheter.

- Tu vas dans quel sens? Par là ou par là? lui demandais-je, avec l'interrogation sous-entendue de savoir si cela ne la dérangeait pas qu'on poursuive notre après-midi ensemble. Elle était marrante, j'étais cool. Flânage idéal, et pourquoi pas apprendre ce qu'était le shopping.

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Alexia et Alek

Je n'étais pas sûre qu'il croit ce que je venais de dire. C'est vrai, cela pouvait sembler étrange mais j'avais une réponse toute faite au cas où il me demanderait la vraie raison. Mais il ne le fit pas, il sembla au contraire me croire ce qui au final n'était pas plus mal. Je l'écoutais ensuite me dire la raison de sa présence ici. Il cherchait un cadeau d'anniversaire.

-Ah je vois, me contentais-je de répondre

Il me demanda ensuite dans quel sens j'allais. A vrai dire, je ne suivais aucun sens particulier, je me contentais de me balader tranquillement en observant les différentes vitrines des magasins, c'est tout.

-Peu importe en fait, je ne fais que me balader un peu, et toi? demandais-je alors

Je reprenais finalement ma petite balade dans le centre commerciale en sa compagnie, observant les vitrines que je n'avais pas encore vu. De toute façon, même si quelque chose me plaisait, je ne comptais pas l'acheter, je n'avais pas encore les moyens pour. Et de toute façon, j'avais décidé d'économiser pour pouvoir acheter tout ce dont j'avais besoin pour le bébé lorsqu'il serait né. Alors je comptais bien m'y tenir.

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Alexia et Alek

Alexia avait décidé de flâner ce jour-là, certainement pour prendre ses marques dans un lieu majoritairement fréquenté par les femmes. Elle en était une, donc c'était une manière là pour elle de s'informer des magasins qu'elle allait privilégier parce qu'ils vendaient ses marques préférées ou le type de vêtements et d'accessoires qu'elle adorait par dessus tout porter.

Qu'elle n'ait aucun sens de prédilection dans sa vadrouille m'arrangeait, même si j'aurais abandonné le mien pour remettre à plus tard mon investigation. A quand elle aurait commencé à éprouver une lassitude à tourner en rond dans le complexe; si toutefois la fatigue venait à poindre chez elle. Son indifférence nous permettait de nous laisser aller au gré des réductions mises en évidence pour séduire les clients, et nous nous approchions de certains de ces appâts comme attirés par leur aspect et leur splendeur, brillant de mille feux sous les spots lumineux orientés dans une projection réfléchie. Nous rentrions cependant rarement dans le vif du catalogue, parce que mademoiselle n'était pas très encline à vouloir arpenter davantage que les quelques arrivages exposés à la vue de tous. Etait-ce ma présence qui la modérait dans son chalandage? J'aurais fait l'effort de ne pas trouver cela chiant de l'escorter devant ses penchants pour telles ou telles fringues. Mais si elle ne le désirait pas, c'était son choix.

Alors qu'Alexia anticipait bien des mètres devant, j'avais remarqué une modeste boutique entre deux plus larges et leurs enseignes lumineuses, l'ensemble contrastant avec le caractère intime et mat de celle-ci. Mais ma voix s'enraya, ce qui noya ma convocation à se faufiler là où Alexia n'avait probablement pas jeté un coup d'oeil soutenu.

Je lui saisissai l'avant-bras à l'aveugle et l'entraînai par une porte ouverte dans des rayons étroits. Une fois à l'intérieur, je relâchais l'étreinte qui avait glissé sur son poignet pour approcher une sculpture en bois plus près de mes yeux. Tout sur ces étagères était travaillé dans cette matière première, et une odeur d'encens brûlé parfumait cette petite boutique, depuis sa caisse directement à l'entrée jusqu'au mur du fond donnant accès à une arrière pièce qui renfermait probablement du stock supplémentaire pour regarnir les présentoirs. C'était à moi de prendre un peu d'avance, oubliant une seconde Alexia que j'avais presque laissée en plan dès le moment où j'avais pénétré dans cet endroit. Me rappelant que je n'étais plus seul, j'ai pris le temps de lui redonner un peu de crédit.

- Si tu vois un truc super beau, dis le moi au cas où je serais passé à côté, me retournais-je vers elle alors que j'étais en pleine exploration d'une pièce majestueuse qui pourrait orner l'un de nos meubles à l'appartement.

Virée au centre commercial

Alexia et Alek

Je continuais d'avancer tranquillement dans le centre commercial, observant les diverses vitrines sans jamais entrer dedans. Enfin, si Alek avait voulu entrer dans l'une des boutiques, je l'aurais suivis, ça ne m'aurait pas dérangé. Mais apparemment il n'était pas plus enclin que moi à entrer dans l'une des nombreuses boutiques qui se trouvait dans le centre commercial. Alors je me contentais d'avancer, le devançant quelque peu. Aucune des boutiques devant lesquelles nous passions ne m'intéressaient, et cela semblait également être son cas puisqu'il ne me demanda pas pour entrer dans l'une d'elles.

Je marchais tranquillement lorsque je sentis une main se refermer sur mon avant-bras et m'entraîner à l'intérieur d'une boutique. Il me lâcha ensuite et commença à s'avancer pour observer une sculpture en bois. Je l'observais, ne sachant pas vraiment quoi faire. Ce n'était pas mon genre de boutique. Il sembla alors se rappeler de ma présence et il se tourna vers moi pour me dire que si je voyais quelque chose de super beau que je le lui dise au cas où il serait passé à côté. Je commençais alors à arpenter entre les diverses étagères pour observer les sculptures sans grande conviction. J'observais un cheval de bois lorsque je sentis de nouvelles nausées me prendre. Je retournais alors rapidement près d'Alek.

-Je... je reviens je dois... aller aux WC, finis-je par dire avant de sortir de la boutique pour marcher d'un pas rapide jusqu'aux toilettes.

Une fois arrivée, je m'enfermais dans l'un des toilettes avant de vomir. Je me relevais ensuite, attendant un peu que ça passe. Espérant que Alek serait trop occupé à contempler les divers objets présents dans la boutique pour me rejoindre si je mettais du temps à revenir.

Virée au centre commercial

Alexia et Alek

Pour compter sur cette serveuse que j'avais rencontré la veille, c'était perdu. Elle s'enfuit rapidement de la boutique après avoir pris la peine de m'avertir qu'elle avait un certain besoin urgent. A travers les petit espaces de la vitre non obstruée par des affiches, je la regardais s'empresser de gagner le lieu indiqué par l'écriteau dans la galerie. J'étais attentif à ce qu'elle se dirige conformément à ce qu'elle m'avait invoqué pour me laisser seul dans ma quête, par mégarde qu'elle n'appréciait peut-être pas de passer son temps en ma compagnie et qu'elle avait trouvé une excuse bidon pour déguerpir.

Rassuré du motif bien-fondé de sa fugue, je me remis à ausculter les articles étalés sur les planches épaisses pour supporter le poids de certaines créations. Parvenu aux dernières fabrications et montages qui avaient nécessité des journées de travail, Alexia ne m'avait pas encore rejoint. Du coup, j'avais le choix entre recommencer mon circuit dans l'échoppe ou en sortir et l'attendre sur un banc de l'allée. Ne s'étant pas échangé nos numéros, je n'avais pas de moyen de lui communiquer que je prenais un peu d'avance vers un autre magasin. Patienter, comme je le faisais avec Hope; en ironisant sur la perspective de tout de même la voir revenir plus vite.

Plus les secondes s’égrainèrent, plus je me convainquais qu'Alexia devait vraiment se vider de ce trop plein lui serrant le ventre. Cela me fit me rappeler les fois où j'avais par le passé dû me contenir avant de pouvoir me soulager de ne pas avoir explosé quelques minutes plus tôt. Mais après presque un quart d'heure d'attente, je me demandais si elle n'avait pas trouvé une sortie secrète pour me laisser là en plan. Je me suis alors pressé de traverser la foule et les caddies jusqu'au couloir donnant accès aux WC.

M'arrêtant devant les toilettes pour femmes, comme l'illustrait le logo d'un personnage avec des longs cheveux et une espèce de robe, je me trouvai un peu bête de me permettre ce que je m'apprêtais à faire. Je suis alors resté en stationnement, debout, deux mètres plus loin. Aucun homme ne sortait évidemment par cette porte là, et au bout de la sixième personne qui poussait le battant pour réapparaître dans la coursive, je me suis avancé plus près. Une septième, brune élancée quarantenaire avec un certain style vestimentaire qui portait à la placer cadre ou représentante de société, s'engouffra dehors en manquant de m'assommer. Elle s'excusa hâtivement pour ensuite me regarder de travers et me préciser que les hommes c'était plus loin. A mon tour, je lui demandais précipitamment si elle n'avait pas vu une blonde d'à peine la vingtaine à l'intérieur. Ce à quoi elle me répondit que c'était possible, avec un air qui n'en avait rien à foutre de la vie d'autrui.

Un bruit d'évacuation d'eau se fit entendre, et une éternité plus tard une autre femme mature entrouvrit l'accès pour se couler dans la masse du public qui ne désemplissait pas. J'avais tenté de regarder dans l’entrebâillement un signe de vie de la fille qui avait disparu, mais le claquement sourd mit fin à mon inspection. J'ai alors posé mes doigts en éventail sur cette barrière qui m'empêchait pudiquement d'avoir une indication d'où était passé la blonde avec qui j'étais censé passé l'après-midi.
- Alexia?, murmurais-je à travers la porte d'accès aux toilettes pour femmes.

Le silence m'avisa que le son émis par ma voix était insuffisant pour que quiconque perçoive mon inquiétude. Mes doigts se sont alors contracté pour percer le mystère. Je reconnus directement la chevelure dorée lui tombant sur les épaules qui s'arquaient au dessus du lave-mains.
- Hey, soufflais-je dans sa direction pendant que je m'avançais. Sa vision, un peu pâlotte, me revint. Un simple "ça va?" aurait été idiot, mais je ne savais pas comment me soucier d'elle.

Virée au centre commercial

Alexia et Alek

Être enceinte à dix-neuf ans, ce n'est pas forcément facile. On vous juge, certains ont pitiés de vous, d'autres pensent que vous l'avez mérité. Tous les regards se posent sur vous, on entends les murmures des gens qui parlent sur vous. Ca n'a rien de facile. Pour l'instant, je n'ai pas à me plaindre, étant enceinte d'à peine un mois, cela ne se voit pas. Alors je n'ai pas encore à subir les critiques des autres. Mais je sais que je n'y couperais pas le moment venu. Et je n'avais personne vers qui me tourner... Du moins, pour l'instant. Ma sœur ignorait encore notre lien de parenté, alors je n'avais pas énormément de monde vers qui me tourner... C'était dur, mais je faisais avec. Après tout, j'avais choisis de le garder, alors j'assumais ce choix.

Je m'étais précipitée aux toilettes alors que je me trouvais dans un magasin en compagnie d'Alek, un garçon que j'avais rencontré au starbucks lors d'un de mes services. Il était plus jeune que moi, d'un an, je crois... Et je venais de le croiser dans le centre commercial, où j'avais décidé de passer mon après-midi, pour m'occuper, mais également découvrir les boutiques qui s'y trouvaient. J'avais eu de nouvelles nausées. Alors je me suis rendue aux toilettes, heureusement, elles étaient situées assez près de la boutique où je me trouvais. Une fois enfermé dans l'une des cabines, j'avais vomi.

Puis je restais là, à attendre, histoire de ne pas sortir avec une mine affreuse. Enfin, j'aurais sûrement utilisé comme excuse que j'étais malade. Mais bon, je ne voulais pas non plus qu'il s'inquiète pour moi. Alors je préférais rester ici et attendre quelques minutes que ça passe. Mais je ne devais pas vraiment avoir la notion du temps. Je me suis décidée à jeter un coup d'oeil à mon portable, pour voir l'heure. Ca faisait quinze minutes que j'étais ici, je ne m'étais pas rendue compte que j'étais restée aussi longtemps. Je me décidais alors à sortir des toilettes. Alek devait m'attendre dans la boutique, du moins, j'espérais. J'espérais qu'il était tellement passionné par la contemplation des objets qu'il en oublierait mon absence.

Une fois sortis de la cabine, je me dirigeais vers les lavabos pour me laver les mains et vérifier mon reflet dans le miroir. Je n'avais pas vraiment bonne mine. J'étais aussi pâle qu'un vampire. Je faisais un peu peine à voir, mais je n'avais rien sur moi pour arranger ça. Tant pis, je devrais faire avec. Je finis par sortir des toilettes, apercevant Alek qui m'attendait devant. La mine inquiète, apparemment. Bon, il faut croire que la boutique n'était pas si passionnante, ou alors, pas assez grande. Dans tous les cas, elle ne l'avait pas occupé assez longtemps pour qu'il ne se soucie pas de cette absence un peu trop longue.

-Désolé... Je... je crois que j'ai dus manger quelque chose de pas frais ce midi..., déclarais-je, improvisant une excuse qui, je l'espérais, serait assez convaincante pour expliquer cette absence un peu trop longue.