Un moment de honte peut-il devenir un moment de gloire ? [Feat Jarod Fernandez]

Aujourd'hui, Troy n'avait pas de travail. C'était le deuxième dimanche qu'il passait à Fairwalk. La semaine d'avant, il avait débarqué chez sa cousine Ally pour lui annoncer la grande nouvelle. Le jeune adulte se souvenait encore de la tête surprise qu'avait fait Ally en le voyant. Mais aujourd'hui, il n'avait rien de prévu et était parti de bonne heure le matin. Enfin pas non plus de très bonne heure puisqu'il était presque neuf heures du matin.

"Ca fait du bien !!" cria Troy en levant les bras pour s'étirer.

Il était venu sur la promenade en voiture. Celle-ci se trouvait sur le parking proche de la plage. Bien que le jeune homme avait envie de prendre l'air au lieu de traîner chez lui, il n'avait pas eu le courage de faire la route de Wisteria Lane jusqu' à la promenade de bord de mer. Celle-ci était principalement occupée par des leves-tôts comme lui. Certains faisaient du jogging et d'autres promenaient leur chien mais en tout cas Troy appréciait la tranquillité de l'endroit.

Il était accoudé à la rembarde de fer forgé qui le séparait de la plage en contrebas et se recula pour s'assoir sur le banc derrière lui. Le jeune homme était tellement de bonne humeur qu'il se mit à chanter tout seul.

"Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
I travel the world
And the seven seas,
Everybody's looking for something.

Some of them want to use you
Some of them want to get used by you
Some of them want to abuse you
Some of them want to be abused.

Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
I travel the world
And the seven seas
Everybody's looking for something

Hold your head up
Keep your head up, movin' on
Hold your head up, movin' on
Keep your head up, movin' on
Hold your head up
Keep your head up, movin' on
Hold your head up, movin' on
Keep your head up, movin' on

Some of them want to use you
Some of them want to get used by you
Some of them want to abuse you
Some of them want to be abused.

Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
I travel the world
And the seven seas
Everybody's looking for something

Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
I travel the world
And the seven seas
Everybody's looking for something

Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
I travel the world
And the seven seas
Everybody's looking for something

Sweet dreams are made of this
Who am I to disagree?
I travel the world
And the seven seas
Everybody's looking for something..."

Il trouvait que cette chanson anglaise des années 1980 correspondait bien à son état d'esprit du moment. Il avait l'impression que le monde s'offrait à lui et faisait tout pour en gardant la tête hors de la foule de gens malveillants.

"Allons-y !!" cria-t-il tout heureux.

Troy était maintenant debout sur le banc, ressentant la fraîcheur de l'air marin sur son visage et cela lui fit tant de bien qu'il ne pensait même pas à s'arrêter de chanter. Il était heureux et le jeune homme décida d'en profiter. Les moments comme celui-ci étaient plutôt rares dans la vie. Alors pourquoi s'en priver ?

J'avais de la chance de pouvoir profiter du beau temps ce jour-là et surtout, d'aller à l'extérieur pour faire d'excellentes photos pour l'agence où je travaille. Non, je n'étais pas journaliste reporter, mais photographe juste. J'adorai mon métier et le fait d'être dehors me mettait d'excellente humeur. J'étais parti relativement tôt pour être sûr d'avoir le lever du soleil en photo. C'était vraiment quelque chose d'exceptionnel et je ne pouvais faire ça que quand il faisait beau et bon. Par chance, il n'y avait personne au bord de la plage, j'étais venu à pied, vu que je n'habitais pas loin de la mer, ça aussi, c'était vraiment génial. Qui aurait pu croire qu'un jour, je serai photographe ? Et pas n'importe lequel. Je commence à devenir connu en faisant toutes sorte de photo et j'adore ! Bref, je me dirigeai doucement vers la plage, lorsque j'entendis quelqu'un chanter.

C'était un homme, plutôt jeune vu la voix qu'il avait. Et quelle voix... Il devrait participer à une émission de télévision ou je ne sais quoi, car honnêtement, il ne passe pas inaperçu... Enfin ça, c'est mon avis bien sûr. Ça m'étonnerait que le jeune homme soit d'accord. Comme je ne le connaissais pas, je préférais le laisser terminer sa chanson. Une fois ça fait, je décidais de m'approcher discrètement pour ne pas l'effrayer. Inutile qu'il décampe en me voyant approcher... Je ne suis pas du genre à faire peur aux personnes, loin de là. Avec mon petit appareil photo dans ma poche, je m’avançais vers le jeune homme.

Oh, vous avez une très belle voix, jeune homme.

Disais-je en attendant la réponse de l'homme en face de moi. J'espère que je ne lui ai pas fait trop peur, bah si c'est le cas, je m'excuserai. C'était tellement rare de voir des jeunes à la plage si tôt le matin. En général, ils viennent plutôt en fin de journée ou le week-end. Ce qui était bien aussi, c'est que les oiseaux chantaient et ça, ça annonçait une excellente journée. Enfin pour moi, pour le jeune homme, je ne sais pas. Quel idiot, je ne me suis même pas présenté.

Excusez-moi, je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Jarod Fernandez et vous êtes ? Dites-le-moi si je pose trop de questions, je suis assez curieux...

Je vais lui raconter ma vie si je continue... Je n'étais accompagné de personne moi non plus, je préférais être seul pour photographier la nature, les gens et tout ce qui va avec. À croire qu'il n'y avait que ce métier qui m'intéressait depuis que j'avais eu mon diplôme de fin d'année au lycée. Je ne sais pas quel âge avait le jeune homme, mais en tout cas, il ne faisait pas quarante ans...

Quelqu'un venait d'interrompre Troy. C'était plutôt bien vu que l'homme complimentait le jeune homme sur sa belle voix.

"Merci c'est gentil à vous." répondit-il humblement en descendant du banc.

L'homme se présenta poliment et Troy était enchanté de voir que les bonnes manières avaient encore cours dans ce pays. Il fit de même et sur le même ton.

"Non vous ne posez pas trop de questions. Et puis si cela était indiscret, je ne vous répondrais pas. Je me nomme Troy Newton. Peut-être m'avez vous croisé cette semaine à Coeur d'Encre. Je viens d'y être embauché."

Le jeune homme plutôt extraverti surtout qu'ici, il avait affaire à un homme et que Troy ne cherchait pas de fille à draguer, répondit très naturellement. On aurait dit que les deux individus se retrouvaient après une longue absence alors que c'était peut-être la première fois que Troy Newton voyait "ce" Jarod Fernandez. En tout cas, sa tête ne disait rien au jeune libraire.

"Ca ne vous dérange pas si je m'assois ici. J'adore venir tôt à la plage quand tout est encore calme et sans trop de monde. J'ai l'impression que la plage n'appartient qu'à moi."

Troy lança sans trop y réfléchir :

"Vous aviez quelque chose à me demander Monsieur Fernandez pour m'avoir aborder ?"

Le jeune homme ne pouvait s'empêcher de parler de tout et de rien. C'était dans sa nature. Troy espérait aussi que son aîné n'ait rien à lui demander car en effet le jeune homme venait d'arriver il y a juste un peu plus d'une semaine et ne connaissait pas cette ville aussi bien que s'il y avait vécu toute sa vie. Troy n'était pas non plus ignorant mais ayant passé plus des trois quarts de sa vie à New-York, il avait loupé pleins d'événements sur Fairwalk.

Je vous en prie.

Je n'avais pas menti en disant qu'il avait une très belle voix, il devrait faire carrière dans la musique ou je ne sais quoi, mais bon pour l'instant, faisons d'abord connaissance et après je lui proposerais quelque chose. Ouf, ça ne le dérangeait pas que je pose beaucoup de questions, ah ben, on va bien s'entendre alors jeune homme !

Enchanté. Ah d'accord, je savais bien que j'avais vu votre tête quelque part. Et ça va, ce n'est pas trop dur le boulot ?

S'il venait d'être accepté, ça n'allait pas être facile, enfin, je dis ça, je ne le connaissais pas encore assez bien pour juger... Si j'avais quelque chose à lui demander ? Ben euh, oui mais je n'allait pas le lui dire tout de suite.. Si ? Raah, je détestais ce genre de situation... Et puis zut ! Je le regarde et lui réponds tout en sortant mon appareil photo.

Vous pouvez m'appeler Jarod, je préfère. Et oui, en effet, j'ai bien quelque chose à vous demander. Cela vous gênerait que je vous prenne en photo et vidéo pour un magazine de musique, pour lequel je travaille? Enfin, si vous le souhaitez bien sûr. Rien ne vous y oblige.

Je le rassurais tout de suite.

Ne vous en faite pas, dès que j'aurai développer votre photo, je vous la donnerait, je ne garde jamais les photos des personnes que je photographie. C'est un passe-temps en fait.

Comment allait-il réagir face à ma proposition ?

Troy ne savait plus s'il avait déjà vu cet homme à la boutique. En même temps, cela faisait vraiment peu de temps qu'il avait commencé comme libraire à Fairwalk. Pas assez pour mémoriser tous les clients surtout entre ceux occasionnels et ceux réguliers.

"Pour le moment je n'ai pas à me plaindre de ce travail. J'essaye de prendre mes marques et m'habituer à cette boutique que je ne connaissais qu'en tant que client."

Troy commença à avoir un peu peur en voyant l'homme sortir son appareil photo. Le prendre lui en photo ? Troy n'avait pourtant rien d'exceptionnel selon lui. Il dit juste poliment :

"Bien sûr que vous pouvez me prendre en photo. C'est juste que c'est la première fois qu'on me le demande C'est pour quel magazine musical ? Je voudrais quand même avoir un droit de regard sur ces photos, non ?"

Troy se demandait aussi s'il devait faire une pause spécaile ou bien s'il devait aller chercher sa guitare pour la scéance photo. Ne sachant que faire il resta là sans bouger mais dit juste :

"Faut-il que je prenne la pose, Monsieur Fernandez ?"

C'est à ce moment-là que le photographe prévint Troy que ce dernier pouvait l'appeller "Jarod". C'était allé un peu vite pour le jeune homme mais pourquoi pas si ce "Jarod" semblait du genre facile d'abord et assez sociable.

J'avoue que je m'attendais à ce qu'il réagisse comme ça. Je serai lui, j'aurai réagi exactement de la même façon, surtout venant de la part d'un inconnu. Oui, normal qu'il ne reconnaisse pas tous les clients, s'il venait d'être embauché. Je le regarde encore en souriant et lui réponds tout en le rassurant.

C'est normal de ne pas connaitre tous les clients lorsqu'on vient à peine d'être accepté dans un boulot. Oh, mais bien sûr, je ne vais pas prendre de photos de vous sans votre autorisation, évidemment. C'est pour le Downbeat, un célèbre magazine d'ailleurs.

Lui répondis-je. J'étais heureux, car il avait finalement accepté d'être pris en photo. C'est cool ! J'allais pouvoir faire plein de photos de ce jeune homme et même des vidéos quand il chante, enfin ça, c'est uniquement s'il le veut. Je ne voudrais pas le forcer non plus. S'il ne veut pas, je comprendrai très bien aussi.

C'est comme vous voulez, vous pouvez prendre la pose comme vous pouvez rester naturel.

Qu'il prenne la pose ou non, ça ne me dérangeait pas. Le principal, c'est que j'ai de bonnes photos pour le magazine pour lequel je travaille, c'est tout.

Le Downbeat ? Troy n'en n'avait jamais entendu ou alors vaguement et c'est pourquoi il ne s'en souvenait plus. Et si ce magazine n'était pas distribué à New-York ? Cela paraissaît absurde au jeune homme. New-York étant une des plus grande ville des Etats-Unis et on y trouvait de tout donc peut-être ce magazine. En faite, le jeune homme connaissait "Rolling Stones" en magazine musical mais jamais il ne lisait ces choses-là. Il préférait écouter les albums des chanteurs ou traîner sur internet et chopper la vidéo du clip sur Youtube pour mieux connaître l'ambiance d'une chanson.

"Je ne connais pas votre magazine mais je ne suis ni célèbre ni exceptionnel pour mériter d'y figurer."

Il se demandait surtout qui cela pouvait intéresser comme lecteurs ? Des inconnus qui chantaient dans la rue comme ça pour passer le temps ou lorsqu'ils étaient joyeux ne faisaient pas d'eux un chanteur obligatoirement digne de figurer en première page d'un magazine même amateur au fond de la plus paumée des villes états-unienne.

"Ok. Je vois... En faite non. Ca parlera de quoi votre article s'il vous plait. C'est pour me mettre dans l'ambiance. Parce qu'à part "Les chanteurs qui n'ont pas été découverts par les maisons de disques", je ne vois pas du tout."

Troy Newton alla s'adosser à la rembarde en métal qui séparait la promenade de la plage plus bas. Il regarda vers Jarod naturellement et son regard se porta plus loin que ce photographe. Troy était en train de s'imaginer suivre une route de briques jaunes vers il ne savait encore où.

"Somewhere over the rainbow..."

Le jeune homme se mit à fredonner l'air principal du film Le Magicien d'Oz, chanté à l'origine par Judith Garland en 1939. Il se voyait bien en épouvantail, en bûcheron de fer blanc ou en lion peureux accompagnant Dorothy afin que le magicien d'Oz la renvoit au Taxas auprès de sa tante et son oncle.

Troy partait souvent dans des délires comme celui-ci et voilà qu'il marchait sur place comme si cette fameuse route de brique était soudainement apparue devant lui sur la promenade. Troy oublait même que Jarod Fernandez le regardait pour essayer de le photographier.

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